Témoignage

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Son cancer et moi

            Quand ma compagne m’a parlé de ses soupçons de cancer du sein et a fait les premiers examens, ma première réaction a été une forme de déni : «elle angoisse sans doute pour rien, ces choses-là arrivent aux autres », puis j’ai voulu la rassurer (me rassurer ?), lui dire que ce ne serait pas si grave.

              Et puis un jour, la sentence tombe et le médecin annonce qu’il y a bien un cancer mais qu’il n’est pas trop agressif.  Sur le moment, les mots sont insuffisants et seul le contact physique peut marquer mon soutien.  Ensuite, comme souvent, je suis frappé par son courage.  Une fois qu’elle sait qu’elle va devoir se battre, ma compagne retrouve sa combativité.  Le plus dur c’est attendre le résultat des examens et l’incertitude qui va avec.

             Nous avons alors beaucoup parlé et essayé de nous rassurer mutuellement et la vie a repris le dessus et nous sommes même allés au restaurant pour discuter.  Je ressens alors de la tristesse mais aussi de l’espoir.  Le plus dur à ce moment c’est la réaction de certains proches : « ce n’est pas si grave, on soigne bien les cancers aujourd’hui, etc… ».  Même s’il peut m’arriver de penser la même chose, ce n’est pas le moment de dire cela.  Je me rends alors compte que si moi j’ai du mal à entendre ce genre de phrases, cela doit être insupportable pour elle et j’essaie de mettre mon optimisme de côté et de l’écouter avant tout.

              Arrive plus tard l’opération puis les traitements.  Je suis d’abord rassuré mais je sais qu’elle aura encore besoin d’un soutien fort et que je ne cherche pas à relativiser ce qui lui arrive.  Ce n’est pas toujours facile, la vie quotidienne et ses obligations (travail, etc…) reprennent vite toute leur place et il peut m’arriver de m’impatienter devant sa tristesse.  A ce moment, le fait qu’un médecin me dise et lui dise que je vis aussi des moments difficiles me fera du bien.  La maladie ne concerne pas que le patient et elle se combat à plusieurs.

              Une fois qu’une maladie grave nous touche ou touche un de nos proches, elle ne disparait jamais totalement, même si on la croit guérie.  Dans notre histoire, le fait que ma compagne ait pu trouver de l’énergie et de l’espoir, en faisant de la boxe et en retrouvant une vie sociale, aura été essentielle.  Il faut savoir laisser couler les larmes mais aussi laisser venir les rires.  La vie continue, pas comme avant, mais elle continue quand-même.

Marc Marin

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